Aucun sport à la Réunion ne peut prétendre avoir d’aussi bons résultats que le beach tennis. Il est vrai, d’une part, que notre île a été l’une des premières régions (pour ne pas dire la première) à le pratiquer avec l’avantage d’avoir à la fois des plages et du beau temps toute l’année et que, d’autre part, il s’agit d’un sport encore peu pratiqué en métropole et dans le monde. Néanmoins, le nouveau succès de nos couleurs aux récents Championnats de France est l’occasion de revenir sur la place unique de la Réunion dans l’histoire de ce sport en général et de cette compétition en particulier.
Tout commence avec leur toute première édition du 4 au 6 septembre 2009 qui se déroule à Calvi, en Corse, dans une ligue alors dirigée par le secrétaire général de la Fédération française de tennis et futur président Bernard Giudiccelli. Les deux paires réunionnaises l’emportent : François Jouque, l’actuel président de l’Hermitage AT (HAT), et Yankell Clavery chez les messieurs, Julie Flamain et Géraldine Guilbon chez les dames (photo ci-dessus). En 2010, c’est encore un “triomphe total” comme le titre le site Internet de la FFT pour les mêmes équipes championnes de la Réunion qui conservent leur titre, l’équipe masculine avec beaucoup d’aisance, l’équipe féminine beaucoup plus difficilement face à une paire guadeloupéenne qui réussit à lui prendre une manche en finale, la seule perdue par nos représentantes tout au long de la compétition.
En 2011, toujours à Calvi, la Réunion perd son invincibilité. Toutefois, si les messieurs sont éliminé en demi-finales, le titre féminin revient à la paire réunionnaise formée par les jumelles Marie-Eve et Mathilde Hoarau, licenciées au Tennis-club Dionysien (TCD). C’est le début pour elles d’une carrière qui les mènera au plus haut niveau international : la sixième place mondiale pour la première nommée le 1er septembre 2014, la troisième pour la seconde le 21 septembre 2015. Elle commence cette année-là par une médaille de bronze aux Championnats d’Europe avec l’équipe de France. Côté masculin, Yann Sipili, du TCD, et Renaud Fouquesolle, de l’ASPTT, échouent en demi-finale devant le futur champion, le Languedoc-Roussillon. La Réunion perd ainsi son invincibilité.
Dimanche 2 septembre 2012, encore une fois à Calvi, Patrice Bang (Sud Beach TC) et Pascal Hervé (Bourbon Brisants BT), redonnent le titre masculin à nos couleurs en battant en finale le Languedoc-Roussillon, champion de France sortant. Maylis Fagalde et Catherine Renard (BBBT), quant à elles, ne s’inclinent en finale “dames” devant la Guadeloupe qu’au super-jeu décisif. Sur ces quatre premières éditions des Championnats de France, on l’aura noté la Réunion a déjà remporté six titres sur les huit maximum possibles !
En 2013, les championnats se déroulent à La Baule, sur la côte Atlantique. Dimanche 8 septembre après-midi, Marie-Eve et Mathilde Hoarau remportent brillamment leur deuxième titre. En revanche, le Saint-Gillois de l’HAT, Lionel Bertolini, et le sociétaire du TCM Tampon, Philippe Vadel, sont éliminés en quarts de finale.
L’année suivante, en 2014, les championnats ont lieu du 5 au 7 septembre sur le sable de la station balnéaire de Pornichet, entre La Baule et Saint-Nazaire, en Loire-Atlantique. Nos représentants, qui font évidemment partie des favoris, se comportent plutôt bien puisque Marie-Eve et Mathilde Hoarau conservent leur titre, leur troisième désormais, tandis que Lionel Bertolini et Philippe Vadel échouent en finale et doivent donc se contenter du titre symbolique de vice-champions de France.
Dimanche 7 septembre 2015, au Pouliguen, toujours du côté de La Baule, Marie-Eve et Mathilde Hoarau confirment leur domination sur le beach tennis français en remportant leur quatrième titre, ce qui leur vaut d’être à nouveau sélectionnées en équipe de France pour disputer les Championnats d’Europe et du Monde. Elles seront d’ailleurs troisièmes aux Championnats du Monde 2016 et quatrièmes en 2017, et quatrièmes aux Championnats d’Europe 2016, 2017 et 2018, entre autres belles performances. En revanche, du côté des messieurs, Patrice Bang et Yankell Clavery doivent s’incliner en demi-finales.
Du 9 au 11 septembre 2016, à nouveau à Pornichet, et en l’absence des championnes sortantes, désormais très impliquées dans les compétitions internationales, se produit un petit événement : pour la première fois que ces championnats existent (et la seule fois à ce jour), la Réunion n’obtient aucun titre, trébuchant aussi bien chez les hommes que chez les dames sur la dernière marche. Les premiers, à nouveau Patrice Bang et Yankell Clavery, du BBBT, échouent de justesse devant le Languedoc (on pourra se consoler en remarquant qu’un des deux champions de France 2016, Romain Bourse, est originaire de Saint-Gilles), les secondes, Géraldine Guilbon, déjà deux fois championne, et Caroline Renard, également du BBBT, plus nettement devant la Bretagne.
Les championnats changent de lieu en 2017 pour rejoindre le site de Châtellaillon-plage, en Poitou-Charentes, à quelques kilomètres de La Rochelle. Ils changent de dimension aussi puisqu’ils proposent pour la première fois des épreuves destinées aux jeunes de 16 ans maximum. Le résultat nous est à nouveau très favorable puisque notre sélection y triomphe avec pas moins de trois titres de champions de France sur quatre distribués, complétés par trois places d’honneur :
– un premier titre national pour les féminines avec le succès de Julia Coll et Elodie Vadel, l’équipe 2 composée de Géraldine Guilbon et de Martine Sanson terminant quatrième ;
– deux autres en 15-16 ans avec les victoires de la paire Pierre Bergonzoli – Matthias Perez chez les garçons (14 ans seulement tous les deux) et de la paire Maïré Bray – Delphée Bourjea du côté des filles.
Les hommes, quant à eux, s’inclinent d’extrême justesse en finale devant l’Essonne. Régis Courtois et Mathieu Guégano doivent donc se contenter du titre symbolique de vice-champions de France devant l’équipe 2 de la Réunion composée de Théo Irigaray et Frédéric Pamard, troisième.
L’édition 2018, la dixième, se déroule du 23 au 25 août, toujours à Châtellaillon-plage, désormais en ligue de Nouvelle-Aquitaine (les ligues ont subi une refonte en liaison avec le redécoupage des régions). Elle s’achève encore une fois sur un triomphe réunionnais. Chez les dames, Magali Garnier, du TC Saint-Pierre, et Elodie Vadel, du BBBT, s’adjugent leur premier titre devant la deuxième paire réunionnaise composée de Julia Coll, de l’Association Tennis-Passion (ATP), tenante du titre, et Elodie Naegellen, de l’HAT. Ludivine Bodar et Caroline Renard, du BBBT, complètent un podium 100% réunionnais ! Du côté des messieurs, sans surprise, les champions d’Europe en titre (et ex-Réunionnais) Théo Irigaray et Mathieu Guégano s’imposent, certes, mais de justesse au bout de trois manches très serrées devant Lionel Bertolini (HAT), une nouvelle fois à deux doigts du titre, et Jonathan Ralite (ATP). Du côté des 15-16 ans, le succès est total, les deux paires réunionnaises, toutes licenciées au BBBT, déjà titrées l’année précédente, conservant leur titre : Delphée Bourjea et Maïré Bray devant l’équipe 2 de la Réunion composée de Camille et Claire Bergonzoli chez les filles ; Pierre Bergonzoli et Matthias Perez devant l’équipe 1 de Nouvelle-Aquitaine du côté des garçons.
En 2019, la Réunion obtient encore deux titres nationaux sur les quatre distribués : en seniors “dames”, tout d’abord, grâce à deux récidivistes : Julia Coll et Elodie Vadel, déjà titrées ensemble en 2017, la seconde nommée, championne sortante, obtenant là son troisième titre ; et en 15-16 ans “messieurs” grâce au tandem Pierre Bergonzoli – Matthias Perez dont c’est le troisième consécutif ! Relevons aussi les très honorables deuxième place de Maïré Bray, championne en 2017 et 2018, associée cette fois à Mohéa Payet, en 15-16 ans “filles”, et troisième place des vice-champions seniors “messieurs” de la session précédente, Jonathan Ralite et Lionel Bertolini.
Pas de Championnats de France en 2020 en raison de la pandémie de Covid-19. Avec leur retour en 2021, les Réunionnais font une nouvelle razzia : quatre titres sur quatre ! Nicolas Gianotti et Romain Say, champions de la Réunion en titre, l’emportent chez les messieurs, Maïré Bray et Magali Garnier, tenante du titre, chez les dames. Du côté des jeunes gens, Mahé Bourjea et Thomas Portolleau deviennent champions de France des 15-16 ans ; du côté des jeunes filles, Téha Begnis et Maïa Levannier les imitent grâce à leur succès face à la deuxième paire réunionnaise constituée de Mohéa Payet et Eva Troucelier dans une finale 100% réunionnaise.
Cette année, comme relaté dans un précédent article (“Trois nouveaux titres pour la Réunion“), nos sélections ont encore dominé les débats avec deux victoires en seniors, celles de Nicolas Gianotti et Théo Irigaray chez les hommes, et de Lisa Jamais et Pauline Mannarino chez les dames devant Elodie Naegellen et Vanessa Ridolfo. Un seul succès chez les jeunes dans une catégorie nouvelle pour ces championnats, celle des 18 ans et moins : celui de Mohéa Payet et Eva Troucelier. Dans cette catégorie, du côté des garçons, Mahé Bourjea et Thomas Portolleau échouent en finale tout comme, chez les filles de 14 ans et moins, Mahé Fouquesolle et Marine Gérard.
A la lecture de ce palmarès, une conclusion s’impose : notre ligue domine largement le beach tennis français depuis les premiers championnats, ne laissant que des miettes aux seize autres ligues… Treize championnats de France ont été organisés depuis 2009 : les Réunionnaises ont remporté onze titres sur les treize (85% !) et les hommes six (presqu’un sur deux), sans compter celui de 2018 gagné par des Réunionnais alors installés en métropole. Ils et elles ont aussi accumulé les places d’honneur. Chez les 15-16 ans, sept titres sont revenus à la Réunion sur huit ! Dès lors, on n’est pas étonnés que notre île fournisse abondamment les sélections nationales, y compris chez les jeunes. On n’est pas surpris non plus que, malgré l’éloignement, nos meilleurs éléments s’illustrent à l’échelon international. Marie-Eve et Mathilde Hoarau, qui y sont moins présentes aujourd’hui, ont montré l’exemple (elles sont encore tout de même respectivement 27e et 29e mondiales). D’autres ont suivi, notamment Nicolas Gianotti et Théo Irigaray, les champions de France 2022, respectivement cinquième joueur mondial à la date du 20 mai 2022 et neuvième à la date du 2. Et ce n’est sans doute pas fini : nul doute, en effet, que tous nos joueurs et toutes nos joueuses auront à cœur de briller lors des prochains Championnats de France qui auront lieu sur la plage des Brisants, à Saint-Gilles-les-Bains…